Photo-portrait de Suzanne Eisenhut

Quelque chose d’indéfinissablement américain se dégage du sourire, de l’énergie et de l’optimisme de Suzanne Eisenhut. Et pour cause ! Cette éducatrice sociale retraitée de 64 ans a bénéficié d’une double culture grâce à sa mère américaine. « Ma mère était originaire de Pennsylvanie. Elle était secrétaire de formation et fille de pasteur. C’est là-bas, lors d’un stage d’ingénieur que mon père l’avait rencontrée », confie celle qui est entrée récemment au comité de l’Entraide familiale vaudoise.

Son enfance passée avec sa sœur aînée et leurs parents à Prilly puis dans une ambiance plus campagnarde à Cugy, a été marquée par le scoutisme. La Suisso-américaine en a fait jusqu’à ses 20 ans. « J’ai adoré nos innombrables camps. Ces journées riches en amitiés, en expériences, et au contact de la nature à cuisiner au feu de bois ou construire des cabanes ont été une école formidable », résume celle qui était une bonne élève mais unanimement jugée « bavarde » par ses professeurs. En parallèle, elle est très active au ski club et à la paroisse protestante locale. C’est là d’ailleurs qu’elle fera la connaissance de son futur mari Jean-Claude, qui travaillera quelques années comme mécanicien chez Bobst avant de se reconvertir dans le social lui aussi.

L’entraide à Syracuse

Là où sa famille vivait un peu dans un cocon, la jeune Suzanne ressentait un besoin et un goût des autres. Ce sont eux notamment qui l’ont poussée à entreprendre avec succès des études d’éducatrice spécialisée. Elle en ressort confortée dans sa vocation mais critique sur les institutions où elle pourrait l’exercer de manière plus transversale que bilatérale comme elle en rêve. Pour faire le point, elle s’envole dix mois pour Syracuse dans l’Etat de New-York. « J’y travaillais bénévolement dans une des communautés de L’Arche, fondée par Jean Vanier. Là, j’ai vécu l’entraide. Au contact de personnes en situation de handicap mental, j’ai pu expérimenter qu’elles avaient parfois autant à nous apporter que l’inverse. »

À son retour, la Vaudoise commence la première de ses 23 années de carrière auprès d’adolescents en situation de handicap en formation professionnelle limitée à la Fondation R. Delafontaine. Elle se marie à la même époque et cette union donnera deux filles et un garçon, Fanny, Isaline et Timothée, tous aujourd’hui trentenaires. La première est maraîchère et les autres officient dans le social.

Elle définit sa vie de maman ainsi : « J’ai eu plaisir à découvrir l’aventure très forte que constitue la maternité. Jongler pour préserver l’équilibre familial a demandé beaucoup d’engagements de tous… » Elle a ensuite poursuivi au Service éducatif itinérant de la Fondation de Verdeil pendant 15 ans, soutenant les petits enfants en difficulté dans leur développement et leurs parents. Suite à ces expériences marquantes, elle peut dire : » Professionnellement, j’ai retenu l’importance du ‘’faire avec’’ et aimerais amener cette expérience avec moi à l’EFV»

Passionnée par l’intergénérationnel

À sa retraite, en juillet 2021, l’éducatrice réalise qu’elle a en effet encore beaucoup à recevoir et à donner. C’est alors qu’elle tombe sur une annonce de notre journal stipulant que le comité de l’EFV recrute. « Je n’étais pas membre mais j’étais en revanche abonnée de longue date au JEF depuis l’époque où j’avais suivi une série d’intéressantes conférences organisée par la section de Prilly. » La fringante sexagénaire postule auprès de notre secrétaire générale Janick Chatelain, avec laquelle elle avait collaboré lors de sa carrière. Son profil est retenu.

Il sera très utile dans le cadre du grand projet intergénérationnel, que notre comité vient de lancer. Pour Suzanne Eisenhut en effet, ce thème est primordial. « Au fil du temps, notre société s’est sectorisée et trop souvent les ados ne fréquentent presque que des ados et les personnes âgées des personnes âgées. Il est urgent pour tous de renouer avec plus de mixité générationnelle! » conclut celle qui réside avec plaisir depuis 30 ans dans l’une des premières coopératives d’habitation de la région lausannoise.

Laurent Grabet, Rédacteur en chef du jef
Portrait paru dans le jef de janvier 2023